La vie comme la créativité sont des processus en évolution constante. En voici quelques extraits pour ceux et celles qui veulent en savoir plus sur mon cheminement… Pour la version un peu plus synthétique et technique, je vous invite à vous rendre sur cette page ICI.

 

Part one / L’enfance de l’art

J’ai parlé assez tard. C’est étrange, mais je n’en voyais pas encore la nécessité. Par contre en dedans, il s’en passait des choses : émotions, pensées, intuitions, fantaisies, sensations, imagination… Tout cela venait porter une pierre à l’édifice de la perception que je façonnais petit à petit de moi-même et de mon environnement.

Aussi la créativité a été le chemin idéal à arpenter pour m’aider à expérimenter, tester, associer, évoluer…

Mise en action à travers des choix, placer le trait à cet endroit, à ce moment. Conscience du geste qui manifeste ce qui est dans l’air, qui n’existe pas encore dans le monde matériel, mais dans le monde des idées.

Une voie a commencé à s’esquisser à travers le trait, en son expression la plus simple avec le dessin et l’écriture.

J’aimais plus particulièrement passer des heures à observer, contempler avec curiosité le monde qui m’entourait, peut-être pour mieux le comprendre. Je cherchais à saisir ce qui faisait exister tout cela, à déceler les liens qui assemblaient ce tout. Je tendais donc l’oreille pour que l’univers me révèle ses secrets. Et il me les révélait à travers le chant d’un oiseau, la danse du chat qui joue dans l’herbe, un rayon de soleil, la goutte de peinture qui s’étale sur du papier, les cordes d’un piano qui vibre au contact d’un marteau feutré, la brulure de la piqure d’ortie… Il n’y avait qu’à tendre l’oreille, ouvrir les yeux, et me laisser toucher, baigner par les sensations, les émotions que toutes ces vibrations provoquaient. Les visions et images arrivaient rapidement. Aussi, mes mains ont été d’un grand secours pour leur donner vie sur tous les supports qui étaient à ma portée : une feuille de papier, quelques murs… A m’émouvoir de la beauté de la vie, de sa fugacité, une sensibilité se développait quelque part sur terre. C’est ici que tout se reliait et se connectait, en cet instant. Je naissais enfin à moi-même, tout comme je naissais au monde.

Dans le même temps, les possibles se multipliaient. L’imaginaire trouvait sa source en plongeant dans tous les mystères de la création. J’aimais les histoires du monde entier, les mythes, les contes, les archétypes, les symboles, véritables pouponnières de l’humanité. Ainsi je découvrais la flamme qui brûle au milieu de la nuit, celle qui nous émerveille et nous rassemble. Ainsi, je sentais toutes les générations d’hommes et de femmes se retrouver là. A travers cette transmission, et par le simple fait d’être là, je sentais que nous nous soutenions dans le parcours de la vie depuis des temps immémoriaux. J’aimais ce sentiment d’appartenance à l’humanité à travers les histoires créées par son parcours.

Je commençais à savourer la musique, le verbe et la parole.

Les mots, les images étaient comme une pâte que je pétrissais à l’aide de mes émotions et pensées-levain. Enfin je goûtais à ce pain qui était très bon, et m’en nourrissais à ma faim.

 

Part two / Voir l’adolescence et mourir

En parlant d’histoire justement, connaissez vous celle d’Amaterasu Ômikami? Amaterasu est la déesse du soleil shinto (ensemble de croyances du Japon ancien). Elle avait pour frère Susanô qui était assez taquin, voire si pénible que sa sœur finit par se réfugier dans une caverne pour enfin connaitre la paix. L’humanité connut une nuit sans fin. Pour mettre fin à cette situation et amener Amaterasu à sortir de sa cachette, les dieux élaborèrent un subterfuge. Ils convièrent Uzumé, la déesse de l’aube à un banquet au cours duquel elle se mit à danser. Pendant ce temps là, les Dieux commencèrent à plaisanter en sifflant qu’Amaterasu venait d’être remplacée. Intriguée par toute cette animation et par ces rires, Amaterasu poussa très légèrement le roc qui bloquait l’entrée de la caverne pour y voir un peu plus. Le miroir posé face à l’entrée refléta si bien sa superbe qu’elle fut éblouie par son propre reflet qu’elle vit pour la première fois. Ainsi elle réalisa l’importance de son éclat. Profitant de ce moment, les Dieux la tirèrent de l’obscurité de la caverne pour la convier au banquet parmi eux, pendant que d’autres Dieux placèrent une corde tressée sacrée à l’entrée pour empêcher Amaterasu de retourner dans sa cachette, et signifier ainsi l’aspect sacré de la prise de conscience de sa nature.

Pourquoi est ce que je vous raconte cette histoire? L’adolescence fut pour moi la période d’une rencontre importante, avec la photographie, le miroir qui m’a amené à sortir de ma cachette. Ca a commencé au lycée, et rattrapée par la vie et son quotidien, je ne m’intéressais pas à grand chose d’autre qu’écouter de la musique, regarder des films, faire la fête avec ma bande de potes, passer du temps avec mon petit copain… Je n’aimais pas lire, pas encore. Je n’écrivais plus, ne peignais plus et ne dessinais plus. Ca ne venait tout simplement pas. Quelque chose en moi avait changé et le canal par lequel l’inspiration venait était bloqué. Et avec la perte de l’innocence de ce lien, j’avais l’impression d’avoir épuisé tout potentiel de créativité, jusqu’à ce qu’on me confie un appareil photo argentique, qu’on m’apprenne à l’utiliser, et à développer mes tirages.

J’étais fascinée par cette rencontre entre la créativité, la lumière et la chimie. 

J’exerçais mon œil et retrouvais ma curiosité quant à saisir des instants prélevés dans le flux de la vie, puis, avec ce cadeau entre les mains, j’allais passer des heures en laboratoire dans l’obscurité pour assister à la naissance de ces images que je pouvais montrer en disant : regarde comme c’est beau, regarde comme tout ce qui nous entoure est merveilleux et juste. La photographie fut le miroir, le subterfuge qui m’amena à sortir de moi-même, de ma réserve, pour aller vers les autres, en les prenant en photo et en osant enfin montrer ce que je faisais. Cette passion allait continuer à grandir pour parvenir à son acmé à la faculté d’arts plastiques à Paris quelques années plus tard.

Un autre fait marquant à cette époque fut ma rencontre avec le cinéma, et plus particulièrement le genre de la science fiction et du fantastique, avec des films comme Blade Runner, l’anticipation, et les univers d’Isaac Asimov, de Ray Bradbury, de Philip K. Dick… Après ce tremblement de terre adolescent, un nouveau continent émergea sur ma planète : décrire le monde tel qu’il m’apparaît, pourquoi pas, mais créer d’autres mondes, des mondes inédits c’était encore mieux !

 

Part three / Space is the place

Le baccalauréat en poche par je ne sais quel tour de magie, je ne savais pas trop quoi faire de ma peau. Comme les portes des écoles de journalisme m’étaient fermées (je voulais devenir reporter de guerre à l’époque), je décidai de jeter mon dévolu sur la psychologie ou l’art. La vie m’a dirigée vers l’art, via une inscription à la faculté d’arts plastiques de Paris 1, dans laquelle je suis restée 5 ans.

 

La créativité est un processus, tout comme la vie 🙂

A suivre / to be continued…